LIVRE

Brigitte Giraud, lauréate du Prix Goncourt 2022

« Vivre vite », ouvrage paru chez Flammarion lors de la rentrée littéraire de Brigitte Giraud est le Prix Goncourt 2022. Nous recevions l’auteure en septembre dernier pour parler avec elle. Rencontre passionnante.

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Quatorze tours pour une treizième lauréate

 

À chaque annonce d’un Goncourt, c’est la même blague : on prévient les heureux nominés qu’ils paieront désormais plus d’impôt. En effet, on estime qu’un Goncourt se vend à quelques centaines de milliers d’exemplaires. Une rêverie cachée chez de nombreux auteurs. Ultime preuve que les prix ont un intérêt essentiel à la survie d’un marché, dit-on (encore), comme étant fragile. Cette année, les débats autour du cru littéraire 2022 semblaient houleux puisque les membres du jury qui se réunissent toujours au restaurant Drouant pour élire le lauréat ont délibéré durant quatorze tours. Chose rare, semble-t-il, ayant ainsi entrainé le vote comptant double du président Didier Decoin pour clore des échanges en surplace entre des membres divisés. Face à Brigitte Giraud, le roman Le mage du Kremlin (Gallimard)de Giuliano da Empoli (Grand prix du roman de l’Académie française), livre avant-gardiste ou presque sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine, se disputait la place du prestigieux prix. Nous comprenons aisément pourquoi la division (politique). Brigitte Giraud est donc la treizième lauréate du Goncourt. 

En effet, on estime qu’un Goncourt se vend à quelques centaines de milliers d’exemplaires.

Quand l’intime parle au collectif

« Ce livre pose la question du destin », rétorque-t-elle humblement. Dans son roman, Brigitte Giraud revient sur l’accident qui a coûté la vie à son mari Claude le 22 juin 1999. Comme pour tromper le destin, c’est à partir d’une construction où chaque chapitre débute par un « et si », que l’auteure cherche les causes inexpliquées de ce terrible drame personnel. En faisant cela, elle s’interroge sur la responsabilité de chacun, mais aussi de la sienne, et surtout, celle de la société. Avec pudeur, elle affirme ; « c’est un livre qui parle de la vie ». En déroulant chaque détail (qui tue) des événements précédents la mort, un seul petit changement aurait peut-être pu changer ce destin. Ce livre nous entraine dans une enquête qui ne nous apprend rien sauf, et pas des moindres, que la vie de chaque instant est un danger. Cependant l’écrivaine a cette phrase ; « si nous pensons au danger, nous ne vivons plus ». 

Ce livre pose la question du destin.

De plus, la force de ce récit est de nous amener à la compréhension que nos vies intimes n’ont aucun sens sauf quand elles se heurtent aux autres. Révélant que l’intime ne l’intéresse que lorsqu’il parle du collectif. C’est là le tour de force du livre qui nous bouscule car entre hasard et pression sociale, c’est aussi le constat d’une société en changement que Brigitte Giraud nous offre au travers de son histoire personnelle. 

À lire aussi l’interview inédite de Brigitte Giraud dans le numéro 21 disponible en vente :

 

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