Place publique pour les écoles de théâtre à Aubervilliers
28 novembre 2025
Propos recueillis par Henri de Monvallier
Le samedi 29 novembre 2025 se tient au Centre Dramatique National La Commune-Aubervilliers le deuxième Forum des écoles de théâtre. Manon Conan, professeure de théâtre au conservatoire de Clamart, metteuse en scène et membre du bureau de l’anPad (Association nationale des professeurs d’art dramatique) nous en dit un peu plus sur cet événement qu’elle a organisé.
Numéro 18 - Mai Juin 2022
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« L’idée est simple : créer une place publique où les écoles publiques de théâtre viennent à la rencontre des jeunes plutôt que l’inverse. »
Forum des écoles supérieures et initiales de théâtre,
Sur une initiative de l’anPad, samedi 29 novembre 2025, de 10h à 18h, Théâtre de la Commune-Aubervilliers (plateaux 1 et 2). Entrée libre, ateliers sur réservation. Plus d’informations sur le site du Théâtre de la Commune
La Fringale Culturelle : Ce Forum des écoles initiales et supérieures de théâtre en est à sa seconde édition, la première avait eu lieu il y a deux ans. Pouvez-vous nous présenter cet événement, ses participants et ses objectifs ?
Manon Conan : Ce forum est né d’une initiative de l’anPad, l’Association nationale des professeurs d’art dramatique, en partenariat avec le Théâtre de La Commune – CDN Aubervilliers, qui accueille la journée du 29 novembre 2025 de 10h à 18h. L’idée est simple : créer une place publique où les écoles publiques de théâtre viennent à la rencontre des jeunes plutôt que l’inverse. Concrètement, la journée s’organise autour de plusieurs formats : des ateliers de pratique d’une heure menés par des artistes-pédagogues d’écoles supérieures et de conservatoires, des stands d’information tenus par les équipes et parfois d’anciens élèves, et deux tables rondes qui permettent de mettre en regard les différentes manières de penser la formation de l’acteur et les métiers du théâtre. On peut venir y chercher des informations très concrètes sur les concours, les cursus, les prépas en conservatoire, mais aussi entendre des récits de parcours et poser toutes les questions qu’on n’ose pas toujours formuler dans un cadre plus institutionnel. Les participants sont d’une part les écoles supérieures publiques de théâtre de France, et d’autre part le réseau des conservatoires (communaux, départementaux, régionaux) qui assurent l’essentiel de la formation initiale des jeunes comédiennes et comédiens avant l’entrée en école. Seront présents également des universitaires représentants des formations pratiques de théâtre. Le public ciblé, ce sont les lycéens, les élèves de conservatoire, les étudiants passionnés de théâtre, mais aussi leurs familles et plus largement tous ceux qui s’interrogent sur ce que veut dire « se former au théâtre » aujourd’hui. L’objectif principal, c’est l’orientation : donner des repères clairs dans une offre de formation parfois difficile à lire et affirmer l’existence d’un véritable service public de la formation des acteurs.
LFC : Qu’est-ce qui différencie les écoles de théâtre ? Leur pédagogie ? Leur esthétique ? L’accent qu’elles vont mettre sur le travail du corps ou le travail du texte ?
MC : En France, douze écoles supérieures de théâtre délivrent le Diplôme national supérieur professionnel de comédien (DNSPC). Elles sont toutes publiques, et partagent un socle commun d’exigence, mais chacune a une histoire, un environnement artistique et des choix pédagogiques qui lui sont propres. Certaines écoles se construisent dans un dialogue très fort avec un Centre dramatique national ou une Scène nationale ; d’autres sont insérées dans un pôle supérieur ou une université et travaillent davantage la porosité avec la recherche ou d’autres disciplines artistiques. Certaines revendiquent une approche très centrée sur le texte, la dramaturgie, l’analyse des œuvres ; d’autres mettent plus en avant le travail du corps, de l’espace, la performance, la marionnette, etc.
Le forum permet justement de faire entendre cette pluralité : chaque école y présente sa manière de concevoir « l’art du jeu », sa façon de transmettre, et les jeunes peuvent sentir à quel endroit ils se projettent, dans quelle famille artistique ils se reconnaissent – ou au contraire se surprendre en découvrant une pédagogie à laquelle ils n’avaient pas pensé.
La Fringale Culturelle : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les deux tables rondes de l’après-midi ?
Manon Conan : Les deux tables rondes ont été pensées pour éclairer deux dimensions complémentaires de la formation et des pratiques théâtrales aujourd’hui.
La première, « L’art du jeu : construire son chemin. Comment ? Pour qui ? », réunit des responsables d’études et de formation issus de plusieurs écoles publiques – ESAD / PSPBB, La Comédie de Saint-Étienne, l’École du Nord, l’ESTU, ainsi qu’un enseignant-chercheur associé à La Manufacture. Cette diversité permet d’aborder concrètement la question des parcours : comment on entre dans une école, comment on s’y forme, quels sont les obstacles, les ressources, les passerelles possibles. L’enjeu est d’offrir une vision claire des chemins de formation, telle qu’elle est réellement vécue et encadrée dans les établissements présents au Forum. Cela s’adresse autant aux futur·es candidat·es qu’aux enseignant·es qui les accompagnent.
La seconde table ronde, « L’art du jeu : modernité et pluridisciplinarité », réunit des artistes-pédagogues issus de domaines variés : marionnette (ESNAM), dramaturgie du costume (ENSATT / Académie Fratellini), jeu au TNS, mise en scène et dramaturgie (masters de l’Université Paris-Nanterre), assistanat à la mise en scène (Université de Poitiers) ainsi que la recherche universitaire. Cette diversité reflète l’évolution des pratiques contemporaines : un « art du jeu » qui se nourrit du croisement des disciplines, des approches corporelles, du travail dramaturgique et des processus de création collective. Cette table ronde éclaire la manière dont les écoles et les artistes renouvellent aujourd’hui les pratiques du jeu pour répondre aux exigences actuelles de la scène.
« L’objectif principal, c’est l’orientation : donner des repères clairs dans une offre de formation parfois difficile à lire et affirmer l’existence d’un véritable service public de la formation des acteurs. »